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LA VIE DE SON ESPRIT

liques, troublée ensuite, rendue étonnamment exigeante par les fréquentations avec l’intellectualisme antique, puis français, auquel l’ont introduit des professeurs de bonne volonté. Cette préparation n’a rien d’extraordinaire en la société actuelle et beaucoup de gens l’ont plus ou moins reçue — avec cette différence, peut-être, qu’ils n’avaient pas des amis comme Charles Bretagne, des initiateurs comme Georges Izambard et Léon Deverrière ; — le cas spécial est que Rimbaud s’en soit imprégné en proportions si peu attendues qu’il devint incapable de désirer le gain matériel et banal, les petites douceurs de vanité demandés communément à une réputation littéraire. J’insiste là-dessus : entre l’appétit intellectuel de Rimbaud et l’idée d’ambition il ne pouvait qu’y avoir antinomie, alors que cent raisons militent souvent pour les réunir, son organisation s’opposait invinciblement à leur accord. Il ne discutait même pas, haussait les épaules, ou riait simplement, avec un peu de colère. Cette répulsion venait d’abord de l’enfance. Il reçut une éducation familiale très