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LA VIE DE SON ESPRIT

pête et les drapeaux d’extase… Il ne redescendra pas d’un ciel… c’est fait, lui étant et étant aimé ». Car il ne s’agit, après tout, que de cultiver les sensibilités physico-morales, les passions qui donnent les coups de lumière.[1] « La chair n’est-elle pas un fruit pendu dans le verger… le corps un trésor à prodiguer[2] !… »

Mais la possession par Psyché peut devenir un trouble effroyable (voir les pièces intitulées : Angoisse, Honte), le « combat spirituel, plus terrible que la bataille d’hommes[3], » cette perpétuelle tension d’esprit à travers les satisfactions données aux curiosités des sens produit chez ce matérialiste la haine et l’effroi de la matière, fait accepter la possibilité, je ne sais quel étrange désir de voir

  1. Helvétius.
  2. Il ne faut pas dissimuler qu’il l’a « prodigué », pendant une courte période, jusqu’à l’alcoolisme, le haschich n’ayant pas réussi. L’inspiration de quelques-uns de ces poèmes semble bien avoir été enrichie par l’hyperidéation que produit l’ivresse, — bien que ceux-là, pourtant, soient peu nombreux et, pour ainsi dire, exceptionnels.
  3. Une saison en enfer.