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LA VIE DE SON ESPRIT

Donc « aimer le péril et la force de Psyché… Un coup de ton doigt sur le tambour décharge tous les sons et commence la nouvelle harmonie… » Mais aussi ne laisser échapper aucun moyen d’obtenir des sensations. Il sait bien que l’enfance est curieusement douée sous ce rapport, qu’elle a, pour sentir, des facultés exceptionnelles, trésor souvent perdu, tout bonnement parce que nous n’avons pas pensé à le conserver ; et ce jeune homme qui n’a pas vingt ans, ce presque enfant veut être plus enfant encore ; tant qu’il peut il retient ou il se donne les sensations des tout petits, si vives, si délicates, où il y a tant à apprendre : « … Les lampes et les tapis de la veillée font le bruit des vagues… la mer de la veillée telle que les seins d’Amélie… la plaque du foyer noir : de réels soleils de grèves… » De cela, des visions enfantines ou adolescentes il s’efforce de tout retrouver, revoir, goûter, sonder à nouveau (Enfances, Aubes, Ornières, Fleurs, Mémoire).[1]

  1. Cinq couples de strophes n’ayant que des rimes féminines. Comme son nom l’indique, Mémoire est une