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LA VIE DE SON ESPRIT

souvenirs de grosse luxure, même de l’onanisme mental — qui lui paraissent devoir contribuer efficacement à faire l’esprit plus vaste, plus puissant, plus aigu.

Rimbaud va partir de là pour obéir à la hantise qui le poursuivra toujours, essayer de réaliser cette formule qui sera la conclusion et pouvait être aussi bien l’épigraphe d’Une Saison en Enfer : « Posséder la vérité dans une âme et un corps ».

Maintenant il réunit le corps et l’âme en une seule puissance toute matérielle ; il n’en est pas encore à deviner, comme il le fera plus tard[1], que les sensualistes ayant attribué à la matière la faculté de penser, nous pouvons retourner la proposition et dire qu’une pensée, mieux encore, a pu créer la matière. La sensibilité physique étant, d’après lui, la cause des actes de l’intelligence,

  1. Dans Une saison en enfer (Mauvais sang) : « Nous allons à l'Esprit… » Très apparemment il voulut dire : Nous allons à cette notion que l’ « élément » esprit est à l’origine de toute matière, en d’autres termes que la matière ne peut exister spontanément et par elle-même.