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LA VIE DE SON ESPRIT

Malgré tout, l’emprise d’Helvétius était forte — nous le verrons ensuite, — mais elle s’exerçait par des séductions d’un autre ordre.

Quittant le Contrat social pour l’Esprit, l’éloquence pour l’analyse, le chaud pour le froid, il goûte aux âpres jouissances de l’inexorable méthode expérimentale :

Presque toujours le raisonnement a tort, la logique doit être mise provisoirement de côté, parce que ses prémisses ne sont pas des bases réelles. « Le propre de l’esprit juste est de tirer des conséquences exactes des opinions reçues. Or ces opinions sont fausses pour la plupart et l’esprit juste ne remonte jamais jusqu’à l’examen de ses opérations[1] ». Cela, chez Rimbaud, flattait à la


    portant à revoir l’histoire des quatre derniers siècles, à constater que les guerres, à cause du progrès même, sont devenues toujours d’une organisation et d’une prolongation plus faciles — peut nous faire craindre que l’homme « civilisé », loin de tendre à l’état pacifique, ne devienne, au contraire, de plus en plus belliqueux. A moins que n’arrive à dominer puissamment, dans un temps impossible à prévoir, le sentiment chrétien.

  1. Helvétius.