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LA VIE DE SON ESPRIT
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Il n’aimait pas Dieu, mais les hommes qu’au soir fauve,
Noirs, en blouse, il voyait rentrer dans le faubourg[1].

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D’autre part, s’il acceptait d’Helvétius l’éloge des passions, il voyait que celui-ci voulait en régler l’action par des lois bien faites… Des lois !… l’extra-indépendant se cabrait… Il souffrait aussi de sentir sa logique perdue à travers des opinions dont il adoptait d’abord les unes, par exemple que nous entrons dans la vie sans idées, ce qu’il a traduit, en Bateau ivre :

…plus sourd que les cerveaux d’enfants,

mais dont il repoussait d’instinct quelques autres, comme la négation du sens moral, puisqu’il le sentait vivre en lui avec une intensité victorieuse, et comme ceci, à quoi cet irréductible ennemi de la vanité ne pourrait jamais consentir : « On n’aime dans la vertu que la considération qu’elle procure ». Vers la fin du printemps de 1871, il me dit plu-

  1. Les poètes de sept ans.