Page:Delahaye - Rimbaud, l’artiste et l’être moral, 1923.djvu/122

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
120
LA VIE DE SON ESPRIT

a été toute sa vie pauvre, Helvétius, ancien fermier général, seigneur de Lumigny, riche et incapable de se passer de la richesse, ne peut aller jusqu’à condamner le luxe ; il veut seulement que les commodités de la vie soient mieux réparties entre les citoyens ; il insiste sur la nécessité de faire des lois justes et fortes, surtout de répandre et perfectionner l’éducation qu’il veut de plus en plus large, brillante, scientifique. Son idéal est une société active à la fois dans l’industrie, les sciences, les arts et les lettres. C’est pour lui une condition du bonheur commun. En cela il se met en opposition avec Rousseau dont il cherche à réfuter les opinions sur la vie simple. Rimbaud constate que tous deux sont pourtant d’accord sur ce point que la chose à chercher par l’homme, quelque genre de vie qu’il adopte, c’est le bonheur, mot que Rousseau et Helvétius emploient à chaque instant, que nous trouverons aussi, à plusieurs reprises et marque d’une préoccupation douloureuse, en l’œuvre du poète.

On pensera qu’Helvétius est plutôt « modéré » pour gagner entièrement un absolu-