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LA VIE DE SON ESPRIT

les persécutions d’une vie morale intense ? Et les hommes qui paraissent les plus indépendants, les plus sceptiques, les plus positifs, qu’ils soient chimistes, musiciens, peintres, sculpteurs, qu’ils se livrent au commerce ou à l’agiotage, est-ce que nous ne les entendons pas sans cesse blâmer, louer, mépriser, se plaindre, s’indigner, se vanter, non pas tant à propos des œuvres qu’à propos des actes ? Est-ce que le sujet le plus sempiternel de leur conversation n’est pas ce qui touche à leur vie morale ?

D’où il suit que l’étude morale est la chose la plus forcément humaine, c’est-à-dire la plus scientifique du monde, et que si l’on met de côté les mathématiques, seul enivrement qui soit de nature à isoler notre âme, la science supérieure, la science qui s’imposera toujours est celle des rapports sociaux, puisque c’est d’eux que naissent toutes nos agitations.

Cependant Rimbaud se remet debout. Il continuera l’enquête. Sans doute Voltaire, avec son Homme aux quarante écus, ne lui suffit pas pour contrebalancer Rousseau. Il