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LA VIE DE SON ESPRIT

apprenait que l’auteur des deux fameuses réponses à des questions bien troublantes — et en tout cas bien indiscrètes — posées par une académie de province[1] est devenu, conduit par sa logique, non seulement le boute-feu de la Révolution française, mais quelque temps son guide et son flambeau.

Et de même que nous, Rimbaud est en présence de l’œuvre entière de Rousseau. Il suit le développement de sa pensée, il voit où sa sensibilité exaspérée, sa raison courageuse le mènent. L’humanité a fait fausse route. L’état social a produit l’inégalité, source de toutes les injustices et de tous les maux. Et il arrive au Discours sur l’Économie politique, il arrive au Contrat social.

Or l’auteur de ces livres a enfermé nos esprits dans un terrible dilemme : L’homme est né libre, soit ! Mais alors, ou l’isolement dans la vie de nature de celui que vous

  1. L’Académie de Dijon : 1° en 1750 : « Le progrè des arts et des sciences a-t-il contribué à corrompre ou à épurer les mœurs ? » — 2° en 1753 : « Quelle est l’origine de l’inégalité parmi les hommes ? Est-elle conforme à la loi naturelle ? »