Page:Delahaye - Rimbaud, l’artiste et l’être moral, 1923.djvu/11

Cette page a été validée par deux contributeurs.
9
AVANT-PROPOS

à leur science d’humanistes, à peu près dans le même temps, indépendamment l’un de l’autre — le premier plus attentif et plus docile à s’inspirer des habiletés romaines, le second plus fantaisiste et plus libre, — sans influence réciproque, sans qu’il y ait maître et élève ; et pour l’importance du rôle à ce point de vue spécial, mettons-les au même rang.

Mais s’impose une comparaison de chiffres : Verlaine meurt à cinquante et un ans, Rimbaud à trente-sept : la vie littéraire de Verlaine dure trente ans, celle de Rimbaud, trois ans et demi. Deux existences, deux œuvres très inégales quant à l’étendue, et inégalité, par suite, en les quantités d’éléments qui s’offraient au biographe.

L’œuvre de Verlaine, presque en entier, nous donne sa vie sentimentale ; les allusions à ses malheurs, ses fautes, ses amours, ses désespoirs, ses colères, ses regrets, ses désirs, ses scrupules, ses repentirs, ses élans religieux en composent la plus grande part. Tout cela est amené par des faits nombreux. Nous sommes en présence d’un roman, disons même une série de romans, que le lecteur veut connaître,