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LA VIE DE SON ESPRIT

savoir sur ce grand drame social et politique, où les études les plus vastes et les plus ferventes viennent d’apporter à ses curiosités une documentation qui s’accroît de jour en jour. La bibliothèque de Charleville, celle du principal du collège (M. Desdouests, qui avait dit : « Faites-lui lire tout… » ), celles des professeurs ses amis[1] livrent à Rimbaud les travaux de Thiers, Mignet, de Tocqueville, Michelet, Lamartine, Quinet, Louis Blanc. C’est ce dernier qui exercera l’influence

  1. Les amis du cercle Deverrière, Bretagne, Lenel…, de même que certains camarades du collège, ne se contentaient pas de lui prêter des livres, mais parfois les lui offraient en pur don ; à son tour il voulait donner ces volumes ; c’est ainsi qu’après avoir lu toute la bibliothèque de son professeur, il demanda la permission d’y ajouter Florise et Les exilés de Banville, un numéro des Nouveaux Samedis de Pontmartin, Les Couleuvres de Veuillot, les Nuits persanes d’Armand Renaud, plusieurs brochures du Parnasse contemporain (voir l’article de Georges Izambard : Lettres retrouvées d’Arthur Rimbaud, publié dans Vers et Prose). Pour mon compte, je me rappelle avoir été gratifié d’un Louis Bouihet (Melaenis) et d’un Charles Dickens (Les Temps difficiles). « C’est ce qu’ils ont fait de mieux », ajoutait Rimbaud, et cela prouve que le poète fut aussi un critique des plus sûrs.