Page:Delahaye - Rimbaud, l’artiste et l’être moral, 1923.djvu/103

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
101
LA VIE DE SON ESPRIT

conscience humaine. Les curiosités, les sensibilités trouvent ensuite des éléments substantiels en l’étude détaillée de la vie grecque, de la vie romaine ; il voit de plus près s’agiter les peuples ; il est bientôt avec sa propre nation : un être collectif nouveau, d’abord fruste et barbare, mais d’une ferveur naïve en sa brutalité, dont l’âme se nourrit, comme la sienne, avec ce qu’a laissé d’impérissable — c’est-à-dire de vraiment bon — la pensée antique ; il voit cette société adolescente grandir, combattre, s’adoucir, parvenir elle aussi à un « siècle d’Auguste », mais différent, sinon plus beau, du moins plus haut.

Croit-on qu’un tel spectacle pourrait laisser froide l’imagination de ce regardeur qu’est un poète ?… Ah ! on veut qu’il ait aussi des prix d’histoire : il les aura, mais ce ne sera pas impunément. Histoire politique, histoire sociale, histoire littéraire, tout se tient, et avec l’imagination va entrer en danse la raison de l’écolier. Point ne lui suffit d’acquérir des faits et des noms : il veut comparer, juger, conclure, pour cela se renseigner toujours davantage. Pourtant, ce qui le