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II

Et voilà qui suffirait aux « esthètes ». L’auteur de Bateau ivre a forgé notre langue poétique en un métal nouveau, il a porté l’art français à un degré de science non atteint avant lui, ce qu’il y avait de mieux dans Hugo, dans Musset, dans Baudelaire, dans Leconte de Lisle se trouve égalé, surpassé… Alors ?…

Continue de chanter, ô chanteur !… Que nous ayons, grâce à toi, des jouissances d’art toujours plus délicates et plus profondes. Ainsi parlent tout naturellement les dilettantes. C’est dommage que le poète soit non un instrument que l’on tire à volonté de sa boîte, mais un homme, un esprit soumis aux terribles lois de la vie intellectuelle.

Il a, disons-nous, ce talent : qu’il en use, pour notre profit, pour le sien. Touchante