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AVANT-PROPOS

au moins de système, surtout celui qui fut le vrai premier sur cette voie, Hugo, et après lui Baudelaire, Leconte de Lisle. Ni les uns ni les autres n’avaient de façon nette, résolue, emprunté à Virgile ses moyens de communication, tandis que Rimbaud et Verlaine, délibérément, franchement, abordèrent ce problème : donner au vers français les pouvoirs d’expression du vers latin.

Où l’invention doit-elle nous mener ? Mystère qui appartient au destin de la littérature… dont les évolutions n’ont été prévues à aucune époque. Jusqu’à présent, l’on ne voit guère sur ce chemin de concurrents prêts à dépasser nos deux poètes, ni même disposés à les suivre. Et pourtant c’est un art que le plus grand nombre ne repoussent aucunement, puisqu’ils l’admirent et semblent effrayés plutôt qu’éloignés de le prendre pour modèle.

De cette nouvelle porte qu’ils ouvraient au génie des chanteurs, de ce mouvement artistique, le plus intéressant, le plus hardi qui se soit produit depuis les jours du Romantisme, le mérite appartient autant à Rimbaud qu’à Verlaine. Ils ont transformé le rythme, grâce