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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

Différence du style des deux époques, de Henri IV à Louis XIII, l’autre, au contraire, de Henri II à peu près.

Promenade avec ces deux dames au bord de la rivière de Malesherbes.

16 juillet. — Promenade le matin ; je m’amuse sur un banc à dessiner la statue du sire d’Entraigues, que j’ai vue hier[1].

Promenade en bateau peu agréable et que nous abrégeons le plus possible ; il pleut et il fait froid, nous laissons le bateau en route et revenons par l’allée que Berryer a fait achever, par les hauteurs, jusqu’à la maison.

Il nous parle, le soir, du Père Antoine, supérieur de la Trappe. Les femmes ne peuvent entrer dans le couvent, sauf les princesses du sang. Des amis de Berryer vont à la Trappe, et une dame qui se trouvait avec eux imagine de s’habiller en garçon pour les accompagner. Le Père Antoine, avisant ce visage imberbe et devinant le déguisement, prend tout doucement sous sa robe une serpette avec laquelle il va couper une rose qu’il offre à l’indiscret androgyne. Les visiteurs ne tardent pas à tourner les talons.

  1. La plupart des croquis de Malesherbes et d’Augerville, cités ici, sont consignés dans un album de Delacroix, qui fit partie, sous le no 664 bis, de la vente posthume, et fut adjugé au sculpteur Carpeaux pour 120 francs. Ce petit album in-12 oblong démontre la suite d’idées du maître, car, de 1854 à 1859, il emporta ce carnet chaque fois qu’il se rendit en villégiature chez Berryer.