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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

mager qu’en allant du chemin de fer au Palais.

Après le dîner, nous étions en famille devant la maison : nous venions de prendre le café sur le perron. Je le voyais heureux d’être retourné dans sa retraite, jouissant de ces fleurs, de ces arbres, la plupart plantés par lui, après une journée employée comme celle-ci. Voilà de grands bonheurs !

Le soir, musique avec Mme Jaubert, Don Juan, etc., pendant que Berryer, non point encore satisfait, faisait son courrier pour le lendemain matin.

Dans la journée, chaleur orageuse et fatigante. Promenade dans un bateau léger. Nous descendons à terre près le pont de pierre. Assis en haut du petit labyrinthe, Mme Jaubert me parle de Chenavard.

15 juillet. — Promenade le matin vers les rochers ; j’admire encore les figures d’hommes et d’animaux, j’y fais de nouvelles et d’étonnantes découvertes.

Dans une allée plus vers le haut, je rencontre le malheureux scarabée luttant contre les fourmis acharnées à sa perte ; je l’ai observé pendant longtemps, culbutant ses ennemies qu’il traînait après lui, retenu par les pattes, dont chacune était accrochée par deux ou trois des impitoyables ouvrières. Attaqué par les antennes, couvert quelquefois par elles, il a fini par succomber ; l’ayant laissé une première fois, je l’ai trouvé immobile et tout à fait vaincu, quand je suis revenu ; je lui ai fait faire encore quelques mouvements, mais enfin la mort était venue. Les