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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

naissances aussi ; je passe là jusqu’à midi environ à examiner les peintures des Anglais, que j’admire beaucoup ; je suis véritablement émerveillé des moutons de Hunt[1].

Je déjeune comme un vrai bourgeois, sous une espèce de treille, dans un petit café dressé tout fraîchement, dans l’attente de ce public qui vient si peu à cette glaciale Exposition, dont tout l’effet est manqué, grâce à ces prix disproportionnés de cinq francs et même d’un franc, qui ne sont pas dans nos habitudes.

Contre mes habitudes, je déjeune très bien d’un morceau de jambon et d’une cruche de bière de Bavière. Je me sens tout heureux, tout libre, tout épanoui, dans ce vulgaire bouchon établi en plein vent et regardant passer les rares badauds qui se rendent à l’Exposition.

De là, je vais à pied, malgré la chaleur, mais avec plaisir, jusque chez moi, en passant par chez Moreau, à qui j’apprends ce que j’ai fait pour lui auprès de Morny.

Rentré vers deux heures, je fais mes paquets, et me hâte de repartir par le chemin de Lyon. Je suis arrivé

    teur général des Beaux-Arts en 1848, puis membre libre de l’Académie des Beaux-Arts, occupa les fonctions les plus diverses, mais partout témoigna du goût le plus vif pour tout ce qui touche à la littérature et à l’art. C’est sous sa haute direction que furent publiés les Voyages pittoresques et romantiques de l’ancienne France, illustrés par l’élite de nos artistes. Philanthrope ardent, il a de plus fondé sept associations de secours mutuels, dont celle des artistes dramatiques.

  1. Voir plus haut, p. 38, en note.