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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

pas du ton de la plaisanterie ; quand, au contraire, dans l’Essai sur les mœurs, il consacre à la Pucelle une page éloquente, il ne montre que l’admiration et le regret pour l’héroïne, sans toutefois le faire dans un style d'une apologie emphatique ou d’une oraison funèbre.

On ne peut lire aujourd’hui une comédie ou un vaudeville sans avoir son mouchoir à la main, pour s’essuyer les yeux aux passages où l’auteur a voulu s’adresser à la sensibilité de son lecteur.

Vendredi, 8 mai. — J’écris à Dutilleux :

« Mon cher ami, quand j’ai vu avant-hier dans vos mains et sous vos yeux la petite esquisse de Tobie[1], elle m’a paru misérable, quoique cependant je l’eusse faite avec plaisir. Enfin, quoi qu’il en soit de cette impression, je me suis rappelé après votre départ que vous aviez regardé avec plaisir le Petit lion[2] qui était sur un chevalet. Je souhaite bien ne pas me tromper en pensant qu’il a pu vous plaire : je vous l’aurais envoyé tout de suite sans les petites touches nécessaires à son achèvement et que j’ai faites hier. Recevez-le avec le même plaisir que j’ai à vous l’envoyer, et vous me rendrez bien heureux.
Il est encore frais dans de certaines parties : évitez la poussière pendant deux ou trois jours.  »
  1. Voir Catalogue Robaut, no 1450.
  2. Voir Catalogue Robaut, no 1449.