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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

question sur laquelle il est difficile de se mettre d’accord ; le terme n’est nullement défini, il est entendu qu’il n’est question que du Beau dans les arts. Le Beau de la peinture au fond et de tous les autres arts, à la façon dont je crois qu’on doit le comprendre, serait bien la même chose ; néanmoins…[1].

Je trouve dans mes calepins cette définition de Mercey, qui tranche l'équivoque entre la beauté qui ne consiste que dans les lignes pures, et celle qui consiste dans l’impression sur l’imagination par tout autre moyen : Le Beau est le vrai idéalisé[2].

17 avril. — La D… venue.

Dutilleux est venu ensuite. Il a vu Macbeth[3], qui lui a paru abominable… Décoration, costumes, fantasmagorie complète, et rien de l'âme du grand Anglais. Rien n’est traduit ; il est sorti désolé. A quelques jours de là, il a vu Britannicus, par les mêmes acteurs ; il croyait renaître, il était ravi par ce style, cette force et cette simplicité.

23 avril. — J’ai dîné chez Bertin, comme toujours avec plaisir ; j’y ai trouvé Antony Deschamps[4] ; c’est le seul homme avec lequel je parle musique avec plaisir, parce qu’il aime Cimarosa autant que moi. Je

  1. Le manuscrit est inachevé.
  2. Voir t. III, p. 336 et 337.
  3. Macbeth, traduction en vers de Jules Lacroix, représentée à l’Odéon en février 1863.
  4. Voir t. II, p. 311.