Page:Delacroix - Journal, t. 3, éd. Flat et Piot, 3e éd.djvu/425

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
411
JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

chose du Puget ? Voyez-le au Louvre, entouré de tous les ouvrages de son temps, conçus dans le style de la correction classique et irréprochable, si cette correction et une certaine élégance froide sont un mérite. Au premier abord, il vous choque par quelque chose de bizarre, de mal conçu dans l’ensemble et de confus ; si vous attachez vos yeux sur une des parties comme un bras, une jambe, un torse, aussitôt toute cette force vous gagne ; il écrase tout, vous ne pouvez vous en détacher.

6 août. — Je dois rendre justice à Dumas et à Balzac. Il y a, dans la peinture des remords de son maître de poste (c’est dans la dernière partie d’Ursule Mirouet), des traits d’une grande vérité. J'écris ceci à Champrosay après la mort de la mère Bertin. L’agitation que j’ai remarquée dans un de ses héritiers m’a rappelé certains mouvements du Mirouet de Balzac, et, chose singulière, m’a fait faire plus que jamais des réflexions sur l’avantage d'être honnête, quand cet avantage, qui consiste dans la paix de la conscience, ne viendrait qu’après cette nécessité pour une âme noble de ne pas se dégrader par des bassesses intéressées. Ces sentiments m’ont rappelé ce que j’ai lu ces jours-ci dans Voltaire, et dont il faut que je recherche les termes précis, à savoir, quand un livre vous élève, inspire des sentiments d’honneur et de vertu, ce livre est jugé, il est bon, etc.

Il y aurait pourtant des restrictions : celui de Bal-