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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

donner suite à cette charmante aventure. Elle ressemblait à Mme D…

J’arrive à six heures, enchanté de me trouver chez moi.

31 juillet. — Je commence à aller mieux. Je dîne chez Baÿvet avec M. Darblay[1] qui me fait politesse. Legendre et Féray[2] s’y trouvent. Je rencontre aussi le maire Renoux et sa femme.

1er août. — Je lis toujours Voltaire avec délices.

À propos d’un article sur Hamlet dans le volume des Mélanges de littérature. À travers les obscurités de cette traduction scrupuleuse, qui ne peut rendre le mot propre en anglais, on retrouve son naturel qui ne craint pas les idées les plus basses ni les plus gigantesques, son énergie que les autres nations croiraient dureté, ses hardiesses que des esprits accoutumés aux tours étranges prendraient pour du galimatias. Mais sous ces voiles on découvrira de la vérité, de la profondeur, et je ne sais quoi qui attache et qui remue beaucoup plus que ne ferait l’élégance… C’est un diamant brut qui a des taches ; si on le polissait, il perdrait de son poids. Ne semble-t-il pas qu’on peut dire la même

  1. Stanislas Darblay, grand industriel qui se consacra d’abord au commerce des grains et entreprit ensuite de relever dans la vallée d’Essonnes l’industrie du papier. M. Darblay était alors député de Seine-et-Oise.
  2. Ernest Féray, manufacturier ancien maire d’Essonnes, fut envoyé en 1871 par le département de Seine-et-Oise à l’Assemblée nationale.