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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

ne gagnait plus guère d’argent dans les derniers temps.

Le soir, retourné à la jetée par un très beau temps ; la mer superbe, quoique à marée basse. J’y vois tous les effets propres à mon Chris marchant sur la mer[1]. Mme Manceau, que j’y retrouve après tant de temps, me promet de me chanter Orphée, si je vais la voir.

Je retourne par la plage et rentre encore dans Saint-Remy. Un malaise de l’estomac me fait encore prolonger avec succès ma promenade jusqu'à dix heures passées. J’entre à Saint-Jacques, éclairé de même par de rares chandelles ; mais son architecture écrasée ne produit pas le même effet que celle de Saint-Remy[2].

Samedi 21 juillet. — Pluie toute la journée. Après avoir essayé de reproduire l’effet de soleil couchant que j’ai vu hier soir, je fais une promenade sous les arcades pendant la pluie ; je me hasarde à gagner la jetée pendant une éclaircie. J’y trouve les dames Rivet et leurs maris. Une pluie affreuse me chasse, et je rentre trempé.

Je pensais, en déjeunant en face de cette famille anglaise, le mari, la femme et les trois grands dadais

  1. Voir Catalogue Robaut, nos 1202 à 1204.
  2. Delacroix, en écrivant cette note, a dû interposer les noms des deux églises de Dieppe, dans un moment de confusion ; car rien n’est plus massif que Saint-Remy avec ses énormes colonnes, trois fois plus grosses que celles de Saint-Jacques.