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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

lange[1] et sa cousine Augustine que je ne reconnaissais pas d’abord.

Dans la journée, Moreau était venu me prendre pour aller chez le lithographe Sirouy[2], qui fait une planche d’après la petite Entrée des croisés.

Champrosay, 3 juin. — Parti à une heure et demie pour Champrosay. Pluie comme à l’ordinaire ; le temps se remet le soir. Je rencontre en montant Candas, qui vient me faire un salut que je crois intéressé, Quantinet, puis le maire et Hippolyte Rodrigues et son fils, qui passent à cheval et m’apprennent qu’Halévy s’installe à Fromont.

4 juin. — Aussitôt levé, je déballe mes toiles et fais ma palette ; je travaille beaucoup dans cette journée, qui est la première que je passe ici.

Avant dîner, promenade par le mur de Baÿvet ; je trouve encore les traces de l’inscription au charbon sur son mur ; je suis tous les ans, avec un mélancolique intérêt, l’effacement de ces plaintes de ce pauvre amoureux. Cette inscription fragile a survécu de beaucoup probablement au sentiment qui l’a dictée ; celui qui l’a écrite est peut-être disparu depuis longtemps, aussi bien que la Célestine qui l’a inspirée.

  1. Madame Clésinger, fille de George Sand.
  2. Achille Sirouy, lithographe, fervent admirateur de Delacroix. Il est l’auteur de la lithographie qui nous montre Delacroix à la fin de sa vie, et que l’on trouve en tête de ce volume.