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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

Nadaud[1] nous a donné des choses délicieuses : le Fortifions nos côtes est charmant.

Je trouve dans l’Entretien de Lamartine, prêté par Didot, sur Chateaubriand, des citations de ses billets à Mme Récamier, entre autres celle-ci : « Venez vite mes dispositions d'âme triste ne changent pas. Oh ! que je suis triste ! Venez ; de l’ennui de l’isolement, je passe à l’ennui de la foule ; décidément je ne puis supporter l’ennui du monde. » Lamartine ajoute : « On voit par la vicissitude de ses désirs qu’il s’est retourné toute sa vie dans son lit de gloire, d’ambition, de cours, de fêtes, sans trouver, comme on dit, une bonne place. Toujours mal où il est, toujours bien où il n’est pas, homme d’impossible même en attachement. »

12 avril. — Sur Shakespeare, Molière, Rossini, etc.

Je trouve dans un calepin écrit à Augerville pendant mon séjour en juillet 1855 (Mme Jaubert s’y trouvait) : « Je voyais tout à l’heure ces demoiselles bleues, vertes, jaunes, qui se jouaient sur les herbes le long de la rivière. A l’aspect de ces papillons qui ne sont pas des papillons, bien que leurs corps présentent de l’analogie, dont les ailes se déploient un peu comme celles des sauterelles, et qui ne sont pas des sauterelles, j’ai pensé à cette inépuisable variété de la nature, toujours conséquente à elle-même, mais tou-

  1. Gustave Nadaud (1820-1893), chansonnier et compositeur.