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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

vaille pas et m’attribue ces retards sous prétexte de changements. Il n’y était pas effectivement, je suis rentré furieux et lui ai écrit en conséquence.

8 avril. — Varcollier venu, puis Mme R… et Mme Colonna[1] avec qui j’avais rendez-vous. Je me suis engagé à la recevoir et à aller la voir.

Carrier venu à quatre heures, enthousiasmé surtout de l’intérieur. Il remarque la petite Andromède[2] ; et à ce propos je me rappelle celle de Rubens que j’ai vue il y a longtemps. J’en ai vu deux, au reste, une à Marseille chez Pellico, l’autre chez Hilaire Ledru[3] à Paris, très belles de couleur toutes les deux ; mais elles me font songer à cet inconvénient de la main de Rubens qui peint tout comme à l’atelier, et dont les figures ne sont pas modifiées par des effets différents et appropriés dans les scènes qu’il a à peindre ; de là cette uniformité des plans ; il semble que toutes les figures soient comme les modèles sur la table, éclairés par le même jour et à la même distance du spectateur. Véronèse en cela bien différent.

9 avril. — Je trouve dans Bayle que Laïs n’aimait pas Aristippe, qui était un homme propre et convenable, et s’en faisait payer chèrement ce qu’elle donnait pour rien à Diogène, sale et puant.

  1. Adèle d’Affry, princesse Colonna di Castiglione, dite Marcello, sculpteur (1837-1879).
  2. Voir Catalogue Robaut, nos 1001 et 1002.
  3. Hilaire Ledru, peintre, né à Douai.