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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

Je reste après la séance, par un beau soleil, à lire les journaux.

Je vais chez Gervais le remercier des couleurs qu’il ma apportées hier, et je rentre, mourant de faim. Je voulais, avant dîner, aller voir la bonne Alberthe : je remets cela.

26 mai. — Dîné chez Mme Villot ; j’y ai trouvé Mme Herbelin, Rodakowski[1], Ferré et Nieuwerkerke. Nouvelle sortie contre les fleurs qui jonchent la table.

Le soir, à neuf heures, Nieuwerkerke me mène chez le prince Napoléon, pour le premier jour de ses soirées… Quelle foule ! Quels visages ! Le républicain Barye, le républicain Rousseau, le républicain Français, le royaliste Un Tel, l’orléaniste Celui-ci ; tout cela se pressant et se coudoyant. Il y avait des femmes charmantes, Mme Barbier entre autres, infiniment à son avantage.

Je suis sorti tard, et ai été prendre une glace au café de Foy : celles du prince étaient détestables.

    modeste ; je suis heureux de voir quelle a été votre impression sur mon exposition. Je vous avouerai que je n’en suis pas mécontent, et quelque chose de moi-même m’a gagné plus qu’à l’ordinaire en voyant la réunion de ces tableaux. Puisse le bon public avoir des yeux, mais surtout les vôtres, car ils jugent encore plus favorablement, j’en suis sûr, que je ne fais. » (Corresp., t. II, p. 121.)

  1. Rodakowski avait remporté une première médaille à l’Exposition universelle de 1855, et Delacroix avait puissamment contribué à faire obtenir cette récompense à une œuvre qu’il jugeait des plus remarquables, le portrait du général Dembinski, déjà exposé en 1852 et dont il est question plus haut (tome II, p. 156).