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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

l’ombre, assis dans mon fauteuil qu’on m’avait descendu pour donner le temps aux carreaux de sécher.

Le soir après dîner, sorti avec Jenny dans la campagne ; la pauvre femme est souffrante comme à Bordeaux. Elle n’est restée qu’un instant avec moi, et je suis rentré qu’il faisait presque nuit ; j'étais resté à me promener en long et en large devant la fontaine. Le soir, éclaircie, espérance de pluie pas réalisée.

19 août. — Travailler n’est pas seulement pour produire des ouvrages, c’est pour donner du prix au temps ; on est plus content de soi et de sa journée quand on a remué des idées, bien commencé ou achevé quelque chose.

Lire des mémoires, des histoires consolant des misères ordinaires de la vie par le tableau des erreurs et des misères humaines.

La dernière scène de Roméo et Juliette.

Les Capulet, les Montaigu, le père Laurence.

3 septembre. — Je suis souffrant depuis mardi soir ; la veille, dîner chez Barbier avec Malakoff et sa prétendue, Mme de Montijo, etc.

Toute la fin de la semaine j’interromps la peinture, je lis Saint-Simon. Toutes ces aventures de tous les jours prennent sous cette plume un intérêt incroyable. Toutes ces morts, tous ces accidents oubliés depuis si longtemps consolent du néant où l’on se sent soi-même.