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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

travaillé avec bonne humeur à la Chasse aux lions[1] qui est comme finie ce jour-là.

27 avril. — De l'éloge de Magendie par M. Flourens[2] : « À l’ardeur de jeunes praticiens vantant le succès de leurs prescriptions il opposait son expérience, et leur disait avec une douce ironie : « On voit bien que vous n’avez jamais essayé de rien faire. » Si la simplicité extrême de ce mode de traitement amenait d’assez justes objections : « Soyez convaincus, ajoutait-il, que la plupart du temps, lorsque le trouble se produit, nous ne pouvons en découvrir les causes ; tout au plus en saisissons-nous les effets ; notre seule utilité en assistant au travail de la nature, qui en général tend vers son état normal, est de ne point l’interrompre ; nous ne devons aspirer qu'à être quelquefois assez habiles pour l’aider. »

« Qu’on lui fasse absolument tout ce qu’il voudra : je ne prescris que cela », disait-il en quittant un jeune garçon dont l'état présentait des symptômes alarmants. Ordinairement avare de son temps, il prodigue les visites à cet enfant, mais n’ajoute rien à la médication. Le soir du troisième jour, tout à coup

  1. Voir Catalogue Robaut, no 1350.
  2. François Magendie, le célèbre physiologiste, membre de l’Académie des sciences, était mort le 7 octobre 1865. Son éloge fut prononcé à l’Académie des sciences par le secrétaire perpétuel Flourens, qui excellait dans le genre, et dont les Éloges historiques réunis en volumes témoignent à la fois d’un rare talent d'écrivain et d’une fine observation scientifique.