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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

de nos plaisirs ; il n’est donc pas singulier que nous soyons plus difficiles et plus délicats que les Anglais sur le choix de nos plaisirs et sur les moyens de nous en procurer. Au reste, qu'étions-nous avant le siècle de Corneille ? Il nous sied à tous égards d'être modestes. »

12 avril. — Je suis retourné, pour la première fois depuis plus de quinze mois, au dîner du second lundi. J’ai fait aussi en sortant une grande promenade sur les boulevards, sans trop m'émouvoir de regret. Ils m’ont amusé plus qu’autrefois, comme au spectacle.

13 avril. — J’ai retravaillé, retouché l’Hercule de Chabrier[1].

J’ai été à trois heures chez Huet. Ses tableaux m’ont fort impressionné. Il y a une vigueur rare, encore des endroits vagues, mais c’est dans son talent. On ne peut rien admirer sans regretter quelque chose à côté. En somme, grands progrès dans ses bonnes parties. En voilà assez pour des ouvrages qui restent dans le souvenir, ce qui m’est arrivé pour ceux-ci. J’y ai pensé avec beaucoup de plaisir toute la soirée.

Après dîner, tourné beaucoup dans mon petit jardin. Il m’est d’un grand secours. J’ai bien besoin de reprendre mes forces tout à fait.

  1. Variante réduite de l’un des onze tympans de la Vie d’Hercule, à l’Hôtel de ville. (Voir Catalogue Robaut, nos 1152-1162.)