Page:Delacroix - Journal, t. 3, éd. Flat et Piot, 3e éd.djvu/332

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
318
JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

16 mars. — Varcollier est venu me voir. Il me dit que Trousseau disait qu’il n’y avait que danger à s’attaquer par des remèdes à toute maladie chronique, goutte, rhumatisme, migraine. Cicéron disait : Contra senectutem pugnandum.

18 mars. — Aujourd’hui, première visite du docteur Laguerre pour mon indigestion.

21 mars. — Beyle dit de l’Italiana in Algieri : « C’est la perfection du genre bouffe ; aucun autre compositeur vivant ne mérite cette louange, et Rossini lui-même a bientôt cessé d’y prétendre. Quand il écrivait l’Italiana, il était dans la fleur du génie et de la jeunesse ; il ne craignait pas de se répéter ; il ne cherchait pas à faire de la musique forte ; il vivait dans cet aimable pays de Venise, le plus gai de l’Italie et peut-être du monde, et certainement le moins pédant. »

2 avril. — Les deux Grenier[1] venus vers quatre heures ; ils m’ont fait plaisir.

3 avril. — Je relis plusieurs de mes anciens calepins pour y rechercher du vin de quinquina que m’avait donné ce brave Boissel. J’y ai retrouvé des choses passées avec un plaisir doux et pas trop triste.

  1. Sans doute Henri-Gustave et Théophile-Yves-René Grenier de Saint-Martin, fils du peintre Grenier de Saint-Martin (1793-1867), élève de Guérin et aussi de Delacroix. Ces deux jeunes gens débutèrent l’un et l’autre au Salon de 1857.