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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

Jour de sainte Victoire[1]. Je l’ai laissé passer sans m’en apercevoir, car j'écris ceci le lendemain… Que d’années écoulées, que de chers objets disparus depuis que nous fêtions ce cher anniversaire !

Jeudi 24 décembre. — Travaillé comme à l’ordinaire toute la journée pendant qu’on me déménage. J’apprends ce soir la mort du pauvre Devéria[2], mort aujourd’hui même, et qu’on enterre demain.

Lundi 28 décembre. — Déménagé brusquement aujourd’hui[3]. Travaillé le matin aux Chevaux qui ne battent[4].

Mon logement est décidément charmant. J’ai eu un peu de mélancolie après dîner, de me trouver transplanté. Je me suis peu à peu réconcilié et me suis couché enchanté.

Réveillé le lendemain en voyant le soleil le plus gracieux sur les maisons qui sont en face de ma fenêtre. La vue de mon petit jardin et l’aspect riant de mon atelier me causent toujours un sentiment de plaisir.

Mardi 29 décembre. — J’ai été jusqu’au Luxem-

  1. C'était le jour de la fête de la mère Delacroix, Victoire OEben, et cet anniversaire évoquait en lui de touchants souvenirs de jeunesse.
  2. Achille Devéria (1800-1857).
  3. Delacroix quittait son appartement de la rue Notre-Dame de Lorette pour s’installer dans l’atelier de la rue Furstenberg, où il devait mourir quelques années plus tard.
  4. Voir Catalogue Robaut, no 1409.