Page:Delacroix - Journal, t. 3, éd. Flat et Piot, 3e éd.djvu/299

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
285
JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

Descendu au bain par une pente raide qui m’a abrégé le chemin, et repris par la petite rue derrière les moulins. Remonté après déjeuner à la promenade des Dames ; un bon monsieur ressemblant à Vieillard et à peu près de son âge, qui a lié conversation avec amabilité et à la française, comme autrefois.

Cavelier[1] ensuite, que j’ai rencontré.

25 août. — Le matin, route de Luxeuil. Temps couvert et froid : je n’ai trouvé de loisir qu’arrivé au commencement des bois. Ravin, arbre renversé, pentes charmantes avec rochers entremêlés à la verdure. — Souhaité d’habiter des pays de montagnes. — Odeur délicieuse comme l’héliotrope.

28 août. — J’ai pris en goût depuis quelques jours la promenade de l’Empereur pour le soir, et même pour le matin.

La lune, dont le quartier se lève sur les monts boisés, m’attendrit et me retient là jusqu'à ce que le froid me chasse.

29 août. — Fait mes adieux à l'église de Plombières… J’aime beaucoup les églises. J’aime à y rester presque seul, à m’asseoir sur un banc, et je reste là dans une bonne rêverie… On veut en faire une neuve dans ce pays-ci. Si je reviens à Plombières,

  1. Pierre-Jules Cavelier (1814-1894), sculpteur, élève de David d’Angers, membre de l’Académie des Beaux-Arts depuis 1865.