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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

ritte vient de mourir subitement. Quoique plus âgé que moi, il était encore d'âge à jouir de beaucoup de choses. Au reste, comme je crois que ce n'était pas une nature distinguée, il a pu être de ceux qui regrettent les plaisirs des jeunes gens. Il faut que les jouissances de l’esprit tiennent une grande place pour procurer ce bonheur calme que j’envisage pour l’homme qui arrive au déclin de la vie.

Samedi 18 avril. — J’ai été, sur l’invitation de la commission, voir l’exposition de Delaroche. L’Empereur visitait l’École ce jour-là, et a achevé par ladite exposition.

En sortant, voté pour le remplacement de Desnoyers[1]. Revenu très fatigué.

— Sujets pour une bibliothèque :

Auguste s’oppose à la destruction de l'Énéide.

Couronnement de Pétrarque ou du Tasse.

La Sibylle proposant les volumes à Tarquin et les faisant brûler à mesure qu’il les refuse.

Jeudi 23 avril. — J’ajoute, sur le passage d’Obermann[2], sur la joie secrète que produit la conformité

  1. Il s’agit de l'élection à l’Académie des Beaux-Arts d’Achille-Louis Martinet (1800-1877), graveur, en remplacement du baron Desnoyers (1779-1857), graveur, élève de Lethière, membre de l’institut depuis 1816.
  2. L’Obermann devait être un de ses livres de chevet, car nous le voyons cité déjà à plusieurs reprises dans les précédentes années du Journal. Il s’en trouve extrait des fragments dans le manuscrit original, fragments que nous n’avons pas cru devoir reproduire, non plus que ceux de Balzac sur la condition des artistes, tirés de la Cousine Bette.