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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

cupide, enfin le contraire de ce que je croyais et le moins capable d’affection. Ce serait, si j’arrivais à être convaincu de tout cela, une des plus grandes déceptions qu’il pût m'être réservé d'éprouver. La reconnaissance d’abord et l’affection que j’ai toujours eue pour lui, sont des sentiments qui combattent chez moi en sa faveur. Je sais que, bien qu’il me reçoive toujours affectueusement, il ne m’a jamais recherché ; sa petite rancune, quand je lui tins tête comme je le devais pour son projet insensé de la restauration du Musée, exécutée en partie sur ses absurdes idées, me l’avait un peu gâté dans le temps de cette aventure[1] ; mais depuis, je l’avais retrouvé comme auparavant, c’est-à-dire avec cet attrait qui m’a toujours attiré à lui… Je le plaignais devant C. B… de vivre au milieu de l’intérieur qu’il s’est fait, de passer sa vie avec des créatures aussi froides et aussi insipides. Tout cela, selon C. B…, ne lui fait absolument rien : il n’aime personne et n’est sensible qu'à ce qui le touche directement dans sa personne ou son amour-propre.

Samedi 7 mars. — Bertin est venu me voir ; je l’ai reçu, quoique je ne reçoive personne, pour en finir avec ce mal de gorge. J’ai travaillé dans la journée à un projet de préface pour le Dictionnaire des Beaux-Arts.

  1. Voir t. I, p, 344 et 345.