Page:Delacroix - Journal, t. 3, éd. Flat et Piot, 3e éd.djvu/26

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
12
JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

Oculos habent et non vident veut dire : De la rareté des bons juges en peinture.

— Sur le style… ne pas confondre avec la mode.

13 mars. — Dîné chez la princesse, à mon corps défendant… J’ai refusé si souvent que j’y vais par devoir. Bon morceau de Mozart joué par elle avec basse, violon et violoncelle, précédé d’un morceau de Mendelssohn joué par la princesse de Chimay, ennuyeux de tout point.

Je me sauve après le morceau de Mozart et j’évite la Polonaise de Chopin, dont nous étions menacés.

14 mars. — J’ai quitté mon travail acharné sur mes Lions, pour aller à une heure voir la salle d’exposition.

En revenant, chez Riesener.

Je suis depuis quelque temps dans un mauvais état le santé : l’estomac est capricieux, et c’est lui pourtant qui conduit tout le reste. À présent, mon malaise me prend au milieu de la journée, et je peux quelquefois faire une séance à la fin du jour. Je me lève très matin.

15 mars. — Dîné chez Bertin ; ce bon Delsarte m’a dit que Mozart avait outrageusement pillé Galuppi[1],

  1. Balthazar Galuppi, compositeur bouffe italien, né en 1706, mort en 1785. De 1729 à 1777, il écrivit cinquante-quatre partitions. Ses œuvres peuvent être citées comme un exemple de la facilité en même temps que de l’inconsistance du style italien.