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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

ou dessin dans lequel il étudie à l’avance les lignes, l’effet et jusqu'à la couleur qu’il veut exprimer.

Il ne faut pas non plus prendre au pied de la lettre ce qu’on nous dit de la merveilleuse facilité de ces faiseurs de fresques à triompher de ces obstacles. Il n’est presque pas de morceau de fresque qui ait satisfait son auteur de manière aie dispenser de retouches ; elles sont nombreuses sur les ouvrages les plus renommés. Et qu’importe après tout qu’un ouvrage soit fait facilement ? Ce qui importe, c’est qu’il produise tout l’effet qu’on a droit d’attendre ; seulement il faut dire, au désavantage de la fresque, que ces retouches faites après coup avec une espèce de détrempe et même quelquefois à l’huile, peuvent à la longue trancher sur le tout et contribuer au défaut de solidité. La fresque se ternit et pâlit de plus en plus avec le temps. Il est difficile de juger au bout d’un siècle ou deux de ce qu’a pu être une fresque et des changements que le temps y a produits.

Les changements qu’elle subit sont en sens inverse de ceux qui altèrent les tableaux à l’huile. Le noir, l’effet sombre se produit dans ces derniers par la carbonisation de l’huile, mais plus encore par la crasse des vernis. La fresque, au contraire, dont la chaux est la base, contracte par l’effet de l’humidité des lieux où elle a été appliquée, ou par celle de l’atmosphère, une atténuation sensible de ses teintes.

Tous ceux qui ont fait de la fresque ont remarqué qu’il se formait du jour au lendemain à la surface