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journal d’eugène delacroix.

11 février. — Dîner chez Bornot.

15 février. — Dîné chez Lefuel avec Arago, Français, etc.

19 février. — Berryer m’écrit ce soir pour me demander si j’ai un moyen de trouver une place pour jeudi prochain, jour de son élection. Je lui réponds :

« Mon cher cousin, je m’empresse de vous dire que je n’espère qu’en vous pour trouver place à une séance aussi intéressante pour moi. Je n’ai quasiment que des ennemis dans le palais Mazarin. Ils me veulent à la porte de toutes les façons ; recevez-moi au moins pour ce jour, qui m’est cher à plus d’un titre. Votre mille fois affectionné et dévoué. »

En réponse à cette lettre, Berryer n’a pu m’envoyer qu’un billet dans les amphithéâtres haut perchés de l’Institut. En arrivant à midi et demi par la neige et le froid, j’ai trouvé que la queue remplissait jusqu’à la porte de la rue, c’est-à-dire tous les escaliers et passages qui conduisent audit amphithéâtre, lequel était plein, de sorte que ces bonnes gens, parmi lesquelles il y en avait qui prétendaient que ce côté était excellent, attendaient, ou l’évanouissement de quelque dame, ou je ne sais quel prodige pour se glisser dans l’intérieur ; et ils étaient là deux cents !

Je boude un peu Berryer. En pareille situation, j’aurais voulu placer mon cousin. Tous ses amis de Frohsdorf et autres étaient, j’en suis sûr, bien installés,