les selles, les bannières. Ces peintres primitifs étaient plus ouvriers que nous : ils apprenaient supérieurement le métier avant de penser à se donner carrière. C’est le contraire aujourd’hui.
Préface. L’ordre alphabétique que l’auteur a adopté l’a conduit à donner à cette suite de renseignements le nom de Dictionnaire. Ce titre ne conviendrait véritablement qu’à un livre aussi complet que possible, présentant avec détail tous les procédés des arts. Serait-il possible qu’un seul homme fût doué des connaissances indispensables à une pareille tâche ? Non sans doute. Ce sont des renseignements jetés sur le papier dans la forme qui a paru la plus commode pour lui, eu égard à la distribution de son temps, dont il occupe une partie à d’autres travaux. Peut-être aussi a-t-il écouté une insurmontable paresse à s’embarquer dans la composition d’un livre. Un dictionnaire n’est pas un livre[1] : c’est un instrument, un outil pour faire des livres ou toute autre chose. La matière, dans des articles ainsi divisés, s’étend ou se
- ↑ Nous avons déjà touché dans notre Étude à ce point intéressant Nous trouvons la même idée reprise et développée dans une conversation de Baudelaire avec Eugène Delacroix, rapportée dans l’Art romantique : « La nature n’est qu’un dictionnaire, répétait-il fréquemment… Pour bien comprendre l’étendue du sens impliqué dans cette phrase, il faut se figurer les usages ordinaires et nombreux du dictionnaire. On y cherche le sens des mots, la génération des mots, enfin on en extrait tous les éléments qui composent une phrase ou un récit ; mais personne n’a jamais considéré le dictionnaire comme une composition dans le sens poétique du mot. Les peintres qui obéissent à l’imagination cherchent dans leur dictionnaire les éléments qui s’accommodent à leur conception… Ceux qui n’ont pas d’imagination copient le dictionnaire. »