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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

La sculpture elle-même comporte la touche ; l’exagération de certains creux ou leur disposition ajoute à l’effet, comme, par exemple, ces trous percés au vilebrequin dans certaines parties des cheveux ou des accessoires qui, au lieu d’une ligne creusée d’une manière continue, adoucissent à distance ce qu’elle avait de trop dur et ajoutent à la souplesse, donnent l’idée de la légèreté, surtout dans les cheveux, dont les ondulations ne se suivent pas d’une manière trop formelle.

Dans la manière dont les ornements sont touchés dans l’architecture, on retrouve ce degré de légèreté et d’illusion que peut produire la touche. Dans la manière des modernes, ces ornements sont creusés uniformément, de façon que, vus de près, ils soient d’une correction irréprochable : à la distance nécessaire, ce n’est plus que froideur et même absence complète d’effet. Dans l’Antique, au contraire, on est étonné de la hardiesse et en même temps de l'à-propos de ces artifices savants, de ces touches véritables qui outrent la forme dans le sens de l’effet ou adoucissent la crudité de certains contours pour lier ensemble les différentes parties.

Écoles. Ce qu’elles se proposent avant tout : imitation d’un certain technique régnant. Voir mes notes du 25 novembre 1855[1].

Décadence[2]. Les arts, depuis le seizième siècle,

  1. Voir t. III, p. 119 et 120.
  2. Delacroix aimait à dire, lorsqu’on lui parlait d’un prétendu progrès des Arts : « Où sont donc vos Phidias ? Où sont vos Raphaël ? »