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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

que noter ce qu’il sait. Rien de trop absolu ; le mot du Poussin sur Raphaël.

Ébauche. La meilleure est celle qui tranquillise le plus le peintre sur l’issue du tableau.

Distance. Pour éloigner les objets, on les fait ordinairement plus gris : c’est la touche. Teintes plates aussi.

Paysage.

Cheval, animaux. Il n’y faut pas apporter la perfection de dessin des naturalistes, surtout dans la grande peinture et la grande sculpture. Géricault trop savant ; Rubens et Gros supérieurs ; Barye mesquin dans ses lions. L’Antique est le modèle en cela comme dans le reste.

Luisant. (Renvoi.) Plus un objet est poli ou luisant, moins on en voit la couleur propre : en effet, il devient un miroir qui réfléchit les couleurs environnantes[1].

Natures jeunes. J’ai dit quelque part qu’elles avaient des ombres plus claires. Je retrouve dans mes notes du 9 octobre 1852[2] ce que je disais à Andrieu qui peignait la Vénus de l’Hôtel de ville. Elles ont quelque chose de tremblé, de vague qui ressemble à la vapeur qui s'élève de terre dans un beau jour d'été. Rubens, dont la manière est très formelle, vieillit ses femmes et ses enfants.

Gris et couleurs terreuses. L’ennemi de toute peinture est le gris. La peinture paraîtra presque toujours

  1. Voir t. III, p. 205.
  2. Voir t. II, p. 124.