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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

Mozart écrit quelque part, dans une lettre, à propos de ce principe que la musique peut exprimer toutes les passions, toutes les douleurs, toutes les souffrances : « Néanmoins, dit-il, les passions, violentes ou non, ne doivent jamais être exprimées jusqu’au dégoût, et la musique, même dans les situations les plus horribles, ne doit pas affecter l’oreille, mais la flatter et la charmer, et par conséquent rester toujours musique. »

14 décembre. — Chez Billault[1]. Vu là Mlle Gérard, peintre, élève de Delaroche, qui m’a fait de son maître un triste portrait, qui confirme bien l’opinion que j’en ai toujours eue. Les Bornot y étaient. Vielliard venu dans la journée.

16 décembre. — Chez Frémy : Gisors, Halévy, les mêmes personnes à peu près que chez d’Annibeau ; Boulatignier[2] y était.

Je m’enrhume dans la journée de la manière la plus sotte.

Je me suis fait rouler dans une grande voiture chez Mme de Forget, pour voir son plafond[3], chez An-

  1. Billault (1805-1863), homme politique et jurisconsulte, était à cette époque ministre de l’Intérieur.
  2. Joseph Boulatignier, né en 1805, homme politique et administrateur, conseiller d’État, était membre de la commission municipale de Paris.
  3. Ce plafond, un ciel léger avec petits nuages, était exécuté dans la chambre à coucher de Mme la baronne de Forget par Boulangé, élève de Delacroix. (Voir Corresp., t. II, p. 148 et 149.)