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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

née : remonté le groupe entier, etc. L'ébauche était très bonne.

27 août. — Je mène la vie d’un cénobite, et tous mes jours se ressemblent[1]. Je travaille tous les jours à Saint-Sulpice, sauf les dimanches, et ne vois personne.

7 septembre. — Je vois de ma fenêtre un parqueteur qui travaille nu, jusqu'à la ceinture, dans la galerie ; je remarque, en comparant sa couleur à celle de la muraille extérieure, combien les demi-teintes de la chair sont colorées, en comparaison des matières inertes. J’ai observé la même chose avant-hier sur la place Saint-Sulpice, où un polisson était monté sur les statues de la fontaine au soleil : l’orangé mat dans les clairs, les violets les plus vifs pour le passage de l’ombre et des reflets dorés dans les ombres qui s’opposaient au sol. L’orangé et le violet dominaient alternativement ou se mêlaient. Le ton doré tenait du vert. La chair n’a sa vraie couleur qu’en plein air

    que de cela. Enfin, comme il faut que tout finisse, je crois que nous consacrerons définitivement la chapelle aux Saints Anges. J’hésite encore entre plusieurs, quoique je les aie à peu près tous composés. Le plafond sera l’Ange Michel terrassant le démon. » (Corresp., t. II, p. 34.)

  1. Dans une lettre du 24 août 1857, adressée à Constant Dutilleux, il parle de « son rude travail de Saint-Sulpice qu’il poursuivra encore tout le mois suivant » . Il ajoute : « Ce travail, tant retardé et interrompu sans cesse, aurait pu être achevé dans cette campagne ; mais la clarté douteuse de la fin de l’automne me forcera à lâcher prise, mais avec la résolution d’achever au printemps. » (Corresp., t. II, p. 147.)