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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

— Je dîne aujourd’hui avec Villot et sa femme. Nous parlons peinture toute la soirée : cela me met en bonne disposition.

— J’ai été mécontent hier, en arrivant, de ce que j’avais laissé ici l’Herminie, le Boisguilbert enlevant Rebecca[1], les esquisses pour Hartmann, etc.

30 juin. — Michel Chevalier vient me chercher à trois heures : fin de journée que je redoutais et qui se passe assez bien. Je fais connaissance avec toute sa parenté. J’emporte un épi de blé d’Égypte. Je reviens à pied le soir et assez fatigué. J’espérais trouver ma pauvre Jenny en route.

1er juillet. — Je vais le soir chez Parchappe. Peu de mouvement dans les idées. J’avais été prendre Mme Villot pour y aller tous deux, et nous avions tourné dans son jardin. Elle est émerveillée de Dumas fils.

2 juillet. — Chez Rodrigues le soir. Je ne trouve

  1. L’Herminie et l’Enlèvement de Rebecca devaient figurer plus tard à l’Exposition de 1859, cette Exposition qui fut pour Delacroix, suivant l’expression de Burty, un véritable Waterloo. Dans le commentaire du Catalogue Robaut (no 1383), E. Chesneau dit à propos de l’Enlèvement de Rebecca : « On a peine à se défendre d’un mouvement d’irritation, quand on a été témoin comme nous de l’attitude du public dans les galeries du Salon de 1859, devant les huit tableaux, plus admirables les uns que les autres, que le maitre y avait envoyés. On s’attroupait devant l’Enlèvement, devant Ovide, devant les Bords du Sebou, devant l’Herminie, et l’on riait, et l’on faisait échange de quolibets. Je n’ai pas souvenir, dans ma vie de critique déjà si longue, d’un si honteux scandale. »