Page:Delacroix - Journal, t. 3, éd. Flat et Piot, 3e éd.djvu/156

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
142
JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

d’effet ; c’est à cette époque qu’on introduisit sur la scène de vraies armures, etc. ; on revenait ainsi à l’enfance de l’art à force de perfectionnements. Les enfants, dans leurs jeux, quand ils imitent la représentation d’une pièce, se servent, pour faire des arbres, de vraies branches d’arbres ; on devait faire ainsi aux époques où on a inventé le théâtre. On nous dit que les pièces de Shakespeare ont été en général représentées dans des espèces de granges, et on n’y faisait pas tant de façon. Les changements perpétuels de décoration qui, pour le dire en passant, semblent le fait d’un art déjà perverti plutôt qu’avancé, étaient exprimés par un écriteau : Ceci est une forêt ; ceci est une prison, etc. Dans ce cadre de convention, l’imagination du spectateur voyait s’agiter des personnages animés de passions prises sur la nature, et cela suffisait. L’indigence de l’invention s’appuie volontiers sur ces prétendues innovations. La description qui foisonne dans les romans modernes est un signe de stérilité : il est incontestablement plus facile de décrire l’extérieur des choses que de suivre délicatement le développement des caractères et la peinture du cœur.

14 avril. — Livré depuis le mois de novembre : répétitions :

Grec à cheval 1,200 fr.
Cavalier grec et turc (Tedesco)[1]. 1,600 »
  1. Voir Catalogue Robaut, no 1293.