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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

— J’ai été chez Delangle, qui a été aimable pour moi. J’y ai vu Béranger[1] : nous nous sommes rappelé notre connaissance dans la triste circonstance de la mort du cher Wilson.

J’ai été ensuite chez Thayer : il demeure dans un vaste terrain planté, occupé par plusieurs maisons. Moreau, qui était là, venait d’entrer dans un bal, chez des personnes inconnues, croyant se trouver chez ledit Thayer : luxe à la mode, ameublements, dorures, valetaille, etc. Les petits fuient les grands ; il y a un buffet, comme aux Tuileries, où des hommes en habit noir vous servent le thé, les glaces, etc.

6 mars. — Dîner chez Bertin. Fait le croquis pour le prince Demidoff, et aussi pour Benoît Fould[2].

9 mars. — Chez Lefuel avec Cavelier[3]. Causé chez lui des travaux du Louvre.

  1. Béranger mourut l’année suivante.
  2. C’est sans doute l’esquisse d’Ovide chez les Scythes, un des meilleurs tableaux du maître, et qui fut exposé en 1859.
    M. Moreau ayant demandé un tableau à Delacroix pour M. Benoît Fould, Delacroix lui écrit le 11 mars 1856 : « Je m'étais occupé tout de suite de chercher des sujets pour répondre au désir que vous m’avez si aimablement exprimé de la part de M. B. Fould. Après avoir hésité quelque temps, je me suis rappelé une esquisse que j’ai traitée, il y a un an environ, dans le projet d’en faire un tableau. Je crois le sujet assez favorable, avec figures, animaux, paysages, etc. C’est Ovide exilé chez les Scythes, auquel les naïfs habitants apportent des fruits, du laitage, etc. » (Corresp., t. II, p. 140 et 141, et Catalogue Robaut, no 1376.)
  3. Jules Cavelier (1814-1894), statuaire, élève de David d’Angers, auteur d’un grand nombre d'œuvres fort importantes et membre de l’Académie des Beaux-Arts depuis 1865.