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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

des chemins de fer, que les administrateurs lui ont dit souvent qu’il valait toujours mieux voyager de jour.

11 novembre. — Vu M. Jouvenet, qui est arrivé le soir ; il me dit que la propriété du maréchal Bugeaud, qui rendait primitivement 7,000 livres de rente, en rendait 45,000 après les améliorations qu’il y avait faites. L’impopularité qui s'était attachée à son nom, par suite des infamies que les journaux se permettaient sur son compte pendant le règne de Louis-Philippe, durait encore après sa mort. Sa veuve ayant fait faire un service commémoratif un an ou deux après sa mort, le curé avait cru devoir faire élever un autel en plein champ, supposant que la foule serait trop grande dans l'église ; cette même personne que j’ai citée s’y trouvait, elle, vingt-huitième.

Mes journées s'écoulent tout doucement, sans plaisirs vifs, il est vrai. Il me manque une occupation de cœur ou de tête pour m’animer et donner de la saveur à la vie que je mène ici. Ces diables de repas font de vous une machine à digérer ; on n’a de temps que pour se promener dans les entr’actes ; mais adieu la pensée ou la plus simple émotion.

Paris, 14 novembre. — Parti d’Augerville, avec Berryer, à neuf heures. Nous revenons ensemble jusqu'à Paris, par Étampes ; sa conversation est des plus intelligentes.