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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

nécessaire avec les personnages. Au reste, ce que je demande ici au genre de la marine, c’est ce que je veux dans tout autre sujet : les accessoires sont traités avec trop d’indifférence, même chez les plus grands maîtres ; si vous mettez du soin aux figures en négligeant ce qui les accompagne, vous rappelez mon esprit au métier, à l’impatience de la main, ou à une certaine dextérité propre à indiquer, seulement par des à peu près, ce qui complète la vérité des figures, les armes, les étoffes, les fonds, les terrains…

11 octobre. — De bonne heure à la jetée. La mer est très belle ; plusieurs vaisseaux et barques sont entrés déjà ; j’en vois plusieurs encore. Je me tiens là deux ou trois heures sous la pluie et le vent.

Le reste de la journée, j'éprouve une fatigue qui me tient à la maison dans une paresse complète, mais non sans charme. Le temps gris et pluvieux favorise cette inclination nonchalante.

Le soir, après avoir un peu dormi, je vais à la jetée reprendre Jenny. La mer est furieuse ; j’ai peine à me tenir ; je vois passer devant moi, comme des flèches, deux barques de pêche : la première me fait frémir ; ils ont de la lumière à bord. On pourrait tirer parti de ces effets de nuit.

Se rappeler les grands nuages entassés sur le Pollet et, dans des espaces éclairés, les étoiles groupées et brillantes.