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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

8 octobre. — Je finis par m’enrhumer, au milieu de ce froid de la chambre où je me sens gagner à la longue, et à la fenêtre où je me place souvent le matin à moitié vêtu.

Je sors, un peu languissant par ce rhume commençant, vers midi ou une heure ; je vais à la jetée ; la mer est toute plate et baisse ; cette jetée à claire-voie, qui remplace celle en pierre, amortit les vagues et ôtera du pittoresque. Une barque à voiles, qui veut absolument rentrer malgré la marée descendante, va au pied de cette jetée et jette l’ancre pour ne pas être entraînée hors de la jetée. J’admire la patience, la peine de ces pauvres gens pour se tirer de là ; les passants, sur la jetée, leur viennent en aide et les remorquent.

Je viens reprendre Jenny ; je dessine un peu. Nous devions faire des visites à des marchands ; nous n’en avons pas le courage ; nous prenons par le dernier bassin et nous montons sur la falaise derrière le château. Je reviens plus enrhumé encore.