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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

voiture que moi. Il y a là un ménage étrange : la femme est Belge, coquette avec Nieuwerkerke ; je prends la femme de chambre, qui a les plus beaux traits du monde, pour une amie ou une parente ; heureusement la bévue se fait en moi, et je ne m’expose pas au crime impardonnable d’adresser une chose aimable à une pauvre créature, belle comme les anges et accablée du mépris de sa maîtresse, dont le nez retroussé et la petite figure commune semblent, au contraire, la classer dans l’emploi des soubrettes.

Après Rouen, où reste mon séducteur, je fais route avec l’Anglais et sa femme ; je cause et continue la connaissance ; je les rencontre le lendemain matin sur la plage ; ils m’invitent à les venir voir, ce que je leur promets et ce que je n’ai pas encore exécuté.

Dieppe, 4 octobre. — Pas un seul moment d’ennui : je regarde à ma fenêtre, je me promène dans ma chambre. Les bateaux entrent et sortent ; liberté complète, absence de figures ennemies ou ennuyeuses ; je retrouve ma vue de l’année dernière ; je ne lis pas une ligne.

Je vais le matin sur la plage, et c’est la que je retrouve l’Anglais et sa femme.

Je me sens encore de mon mauvais régime des jours passés ; le soir, après dîner, je ne puis sortir ; je reste sur mon canapé. Je relis avec plaisir mon petit livre, écrits et extraits de la correspondance de Voltaire. Il dit que les paresseux sont toujours des