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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

grave armé et debout, collé à la muraille, son bâton de commandement à la main, et son casque à terre, près de lui, le tout dans un arrangement du temps de la Renaissance du plus beau style ; j’ai remarqué sur mon calepin, ensuite, la différence de ce style avec celui d’un autre tombeau, le plus important de tous, lequel est dans le style de Vanloo. Malgré la confusion et le mauvais goût, les plates allégories et le bariolage, il est encore supérieur à tout ce qui est de notre triste époque, où la froideur, l’insignifiance et la mesquinerie ôtent toute espèce d’intérêt.

Monté, par des marches fort raides, jusqu’au palais grand-ducal, que je prends pour une espèce de ferme ou couvent ; je monte par une allée exposée au soleil, puis je tourne dans les bois de sapins que j’admire ; après chaque montée, que je crois toujours être la dernière, j’arrive au vieux château. Ruines rafistolées à l’allemande, pour en faire des perspectives d’album ; bouteilles cassées, débris de cuisine au milieu de tout cela ; le garde-manger était dans la salle des chevaliers. Je remarque les rochers granitiques comme ceux de la Corrèze ; ils sont plus particulièrement d’une couleur rougeâtre comme le terrain et les pierres de ces pays-ci.

J'écris à diverses reprises sur mon calepin. J’admire en descendant une grande perspective montante sous les pins. Je remarque la couleur de charbon du fond et des arbres. Je redescends par une grande chaleur et pressé par la faim. Au bas des degrés, je